• L'ETRANGE NOËL DE MONSIEUR MARCEL

    (Suite et fin)

    Figé l’instituteur avait la chair de poule et l’angoisse commençait à le gagner. Aussi, quelle ne fut pas sa surprise en découvrant le Père Noël passer la porte et se diriger vers lui.

    - Qui… Qui êtes-vous donc ? Bégaya l’instituteur.

    - Mais voyons, vous le savez bien, je suis le Père Noël !

    - Si c’est une plaisanterie, elle n’est pas drôle, explosa Monsieur Marcel.

    Puis, s’adressant à Nathan en pointant son index menaçant :

    - Jeune homme, si tu as voulu te payer ma tête, tu t’en repentiras !

    - Monsieur Marcel, pourquoi refusez-vous de croire en moi ? Questionna le Père Noël. Je vous connais depuis l’enfance, et vous avez toujours nié mon existence. Pas une seule fois vous n’avez été séduit par la magie de Noël, jamais vous n’avez décoré le sapin, et pire encore, lorsque vous êtes devenu instituteur, vous avez refusé ce plaisir à vos élèves. Cela ne peut plus durer, voilà pourquoi je suis venu vous voir en personne, conclut le Père Noël.

    Quand il comprit que le vrai Père Noël se trouvait dans sa classe, Monsieur Marcel s’affaissa sur une chaise, submergé par l’émotion. Une larme glissa sur sa joue et d’une voix très douce il répondit :

    - Mes parents étaient très pauvres et élevèrent péniblement leurs 5 enfants. Ils nous répétaient toujours que Noël était une fête pour les riches et que nous, pauvres paysans, n’avions rien à attendre ce jour-là. Jamais nous n’avons eu le droit de vous écrire pour demander des cadeaux, et à la maison, il n’y avait ni sapin, ni décorations le soir du réveillon. Alors, avec mes frères et sœurs, nous avons fini par penser que vous n’existiez pas, d’autant que nous n’avons jamais rien trouvé dans nos souliers le matin de Noël.

    - Mais Monsieur Marcel, à Noël c’est la naissance de Jésus que l’on fête ! Il est venu pour tous, riches ou pauvres. Lui pourtant il est né dans la paille…

    Le Père Noël avait écouté le récit de Monsieur Marcel avec beaucoup d’attention. Il caressa sa barbe, pencha un peu la tête, puis, s’adressant à l’instituteur, il demanda :

    - Monsieur Marcel, si vous aviez envoyé une lettre, quel cadeau auriez-vous souhaité recevoir ?

    Les yeux de l’instituteur s’illuminèrent, et sans hésitation il répondit :

    - Un train électrique ! J’en rêve depuis toujours.

    Et le vœu du vieil homme fut exaucé. Le Père Noël sortit un gros paquet de sa hotte et l’offrit à Monsieur Marcel. Avec beaucoup de précautions, il ouvrit son paquet et découvrit un magnifique train électrique.

    Le Père Noël laissa l’instituteur à son émerveillement, fit un clin d’œil à Nathan, qui croyait rêver tout éveillé, puis repartit dans un fracas de grelots.

    Lorsque Monsieur Marcel retrouva un peu ses esprits, il regarda Nathan avec une toute nouvelle bienveillance. Un sourire illuminait son visage et il rayonnait de bonheur.

    Désormais, nous fêterons Noël, ainsi que toutes les fêtes et les anniversaires, et je saurai être heureux quand les autres sont heureux, dit-il à son élève.

    Il prit la main du petit garçon, et tous deux partirent chez Madame Le Hen pour savourer enfin la délicieuse dinde de Noël.

    Nathan ne raconta jamais à personne ce qu’il avait vécu ce soir-là avec son instituteur. Mais il était heureux, car avec l’aide du Père Noël, ils avaient réussi à faire entrer dans le cœur de Monsieur Marcel la grande joie de Noël. 

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  • Je vous propose de découvrir la première partie d'un conte que j'ai donné à l'association des parents d'élèves de l'école de Bambino. Les illustrations ont été faites par un parent d'élève. La couverture a été réalisée par les enfants de l'école dans le cadre des ateliers de Noël, et le conte a été vendu cette semaine au marché de Noël. Les bénéfices sont intégralement reversés à l'association des parents d'élèves et contribueront au financement de diverses activités pour les enfants.

     

    L'ETRANGE NOËL DE MONSIEUR MARCEL

    (Première partie)

    Il y a bien longtemps, dans une petite bourgade de Bretagne, vivait Monsieur Marcel, instituteur depuis trois décennies à l’école du village. Il passait pour être sévère, et ses élèves le craignaient, pourtant il avait un gros cœur et aimait beaucoup les enfants. Seulement voilà, Monsieur Marcel affichait un air triste à longueur de journée, il portait des costumes sombres, mêmes ses cheveux étaient devenus gris avec le temps. Alors forcément, il n’avait rien d’un bout en train, d’ailleurs dans sa classe on ne fêtait jamais ni les anniversaires, ni Noël.

    Justement, ce soir c’était le réveillon de Noël. Et comme tous les ans, Monsieur Marcel se rendit dans sa classe car il s’y sentait bien, et surtout parce que personne ne l’attendait à la maison. Madame Le Hen, la maman de Nathan, avait beaucoup d’affection pour Monsieur Marcel qui était également son voisin. Ce soir-là, elle demanda à Nathan d’inviter l’instituteur à partager leur dîner.

    Le petit garçon se rendit chez son instituteur et frappa à plusieurs reprises à la porte, sans succès. Il eut alors l’idée d’aller voir à l’école et il aperçut une lueur dans la classe. Nathan hésita un peu avant de rentrer dans la salle, mais au moment où il franchit le seuil de la porte, celle-ci se referma brusquement sur lui. Face au garçon se tenait Monsieur Marcel, une bougie à la main, grand, sombre et presque inquiétant.

    - Que viens-tu faire ici ? Rugit l’instituteur.

    Nathan avait la gorge sèche. Il déglutit avec difficulté avant de répondre apeuré :

    - C’est maman qui m’envoie vous chercher pour manger la dinde avec nous.

    - Tu la remercieras, mais je ne fête jamais Noël, tu m’entends, jamais ! S’exclama-t-il d’une voix rauque.

    Nathan entendait parfaitement, mais ne comprenait pas. Il décida que mieux valait ne pas contrarier Monsieur Marcel et se dirigea vers la porte. Mais elle était bloquée ! Il tourna et retourna la poignée dans tous les sens, il donna même un coup d’épaule dans la porte, mais rien n’y fit.

    - C’est coincé, je ne peux pas sortir, balbutia-t-il.

    Monsieur Marcel essaya à son tour, sans plus de bonheur. Il proposa alors à Nathan de sortir par une des fenêtres, mais aucune ne s’ouvrit. Tandis que la ville entière se préparait à festoyer, l’instituteur et son élève étaient bel et bien pris au piège. Nathan n’en menait pas large, d’autant que la bougie de Monsieur Marcel vacillait dangereusement et l’obscurité menaçait de s’installer.

    Soudain ils entendirent tinter des grelots, puis le bruit se fit plus précis au point qu’on aurait pu penser qu’ils sonnaient de l’autre côté du mur. Un léger souffle d’air passa sous la porte qui éteignit définitivement la bougie. Lentement la poignée tourna, les gonds de la porte grincèrent, laissant filtrer une lumière aveuglante.

    Instinctivement Nathan s’était réfugié derrière son instituteur, et ses dents claquaient comme des castagnettes.

    - Bonsoir Monsieur Marcel, fit une voix chantante.

    (à suivre...)

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  • PERCE-NEIGE

    (Suite et fin)

    "René défit le beau nœud doré qui entourait le paquet, souleva le couvercle et aperçut un chapeau haut de forme. Il s’en saisit puis demanda au Père Noël ce qu’il devait en faire.

    - Pose le chapeau sur ta tête René, et ferme les yeux. Ensuite tu penseras très fort à moi en souhaitant que ma hotte rétrécisse et me permette enfin d’arriver dans la cheminée. As-tu bien compris mon enfant ?

    - Oui Père Noël, mais pensez-vous vraiment que je vais réussir à vous libérer ?

    - Fais-moi confiance René. Si tu fais exactement ce que je t’ai demandé, je serai très bientôt à tes côtés.

    René s’exécuta et pensa très fort au Père Noël. Ce ne fut pas très difficile car il avait très envie de le rencontrer, alors il souhaita ardemment que la grosse hotte devienne aussi petite qu’une fourmi.

    Quelques instants plus tard, il entendit du bruit dans la cheminée, et lorsqu’il ouvrir les yeux, le Père Noël se tenait devant lui. Son beau manteau rouge était un peu sale et quelques taches de suie maculaient sa longue barbe blanche, mais c’était bien le Père Noël, en chair et en os !

     

    - Je te remercie infiniment René, tu es un petit garçon très courageux. Sans toi je n’aurais pas réussi à m’extirper de la cheminée aussi vite, et beaucoup d’enfants auraient été bien déçus à leur réveil de ne rien trouver dans leurs souliers.

    - C’est moi qui vous remercie d’avoir pensé à m’appeler à la rescousse, répondit René. Cela m’a donné l’occasion de vous rencontrer pour de vrai.

    - Je suis également très heureux d’avoir fait ta connaissance mon garçon. Maintenant, tu vas retourner te coucher car il est très tard. Et demain, à ton réveil, tu viendras découvrir ce que j’ai laissé pour toi.

    Très ému, René déposa un bisou sur la joue du Père Noël puis repartit dans sa chambre. Le sommeil le gagna rapidement, et cette nuit-là, il rêva qu’il accompagnait le Père Noël dans sa tournée, tenant entre ses mains les rênes du traineau.

    Le lendemain matin les parents de René furent très surpris de le voir encore au lit à 10h00. Ils ne pouvaient pas se douter que leur petit garçon avait vécu une drôle d’aventure quelques heures plus tôt. Quand il arriva près de la cheminée, René découvrit de beaux outils en bois ainsi qu’un sac de billes. Il était très content car c’est exactement ce qu’il avait commandé. Puis il aperçut un paquet rouge entouré d’un beau ruban doré. Le Père Noël lui avait laissé le chapeau magique accompagné d’un petit mot : Fais-en bon usage ! Avec tous mes remerciements. PN

    - Ton arrière grand-père ne jugea pas utile de raconter à ses parents sa rencontre avec le Père Noël. Il garda se secret pour lui toute sa vie, et à chaque fois qu’il utilisa le chapeau ce fut pour venir en aide à quelqu’un qui en avait vraiment besoin, conclut Perce-Neige."

    Luka avait été captivé par ce récit. Il venait d’apprendre que son arrière grand-père avait rencontré le Père-Noël et que ce dernier lui avait fait don de son chapeau haut de forme.

    - C’est extraordinaire ! S’exclama Luka. Mais dis-moi Perce-Neige, si la magie du chapeau ne fonctionne que pour aider les autres, comment se fait-il que tu sois devenu vivant ?

    - Pour t’aider bien sûr ! Répondit le bonhomme de neige. Le moment était venu pour toi d’apprendre toute l’histoire afin que tu puisses toi-même utiliser ce chapeau à bon escient. Le chapeau m’a donné la vie afin de me permettre de te parler de ton arrière grand-père. Maintenant tu vas m’accompagner dans le jardin, et lorsque j’aurai retrouvé ma place, tu enlèveras le chapeau de ma tête. Alors je redeviendrai Perce-Neige, le bonhomme de neige, et je partirai lorsque la neige aura fondu. Mais toi, tu garderas toujours ce chapeau, et un jour peut-être, tu le transmettras à quelqu’un qui en fera bon usage.

    Luka suivit Perce-Neige dans le jardin et le serra très fort dans ses bras avant de lui faire ses adieux. Puis il ôta le chapeau de la tête du bonhomme de neige et rentra à la maison le cœur léger et les mains chargées d’un bien étrange chapeau !

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  • PERCE-NEIGE

    (Troisième partie)

    "C’était la nuit de Noël, et ton arrière grand-père, pas beaucoup plus âgé que toi, dormait profondément, bien au chaud dans son petit lit. Sa chambre se trouvait au rez-de-chaussée de la maison, pas très loin de la salle à manger. La neige tombait drue dehors et un vent glacial balayait la ville. Tout à coup René entendit une petite voix aigüe l’appeler :

    - René, René, réveille-toi s’il te plaît, j’ai besoin de ton aide !

    Ton arrière grand-père émergea de sa douce torpeur, alluma la bougie qui se trouvait sur sa table de nuit et regarda tout autour de lui, mais il n’y avait personne dans sa chambre.

    - René, viens vite dans le salon !

    Il finit par sortir de son lit, passa sa robe de chambre, saisit sa bougie et ouvrit la porte de sa chambre. Il se dirigea ensuite vers la salle à manger qui était plongée dans l’obscurité.

    - Par ici René ! Reprit la mystérieuse voix.

    Il s’approcha alors de la cheminée où gisaient encore les cendres de la belle flambée que son papa avait préparée avant le dîner. Puis il s’enhardit à passer la tête au-dessus de l’âtre et recula bien vite lorsqu’il aperçut 2 grosses bottes gesticuler dans le conduit de la cheminée. Il poussa un petit cri et s’apprêtait à appeler ses parents à la rescousse lorsque la voix lui parla à nouveau :

    - N’aies pas peur René, je suis le Père Noël. J’ai oublié d’enlever ma grosse hotte de mon dos avant de descendre, et me voilà à présent coincé dans ta cheminée. Aide-moi à me sortir ce mauvais pas.

    Très impressionné de voir enfin le Père Noël (ou plutôt ses bottes), René resta tout d’abord planté comme un piquet devant la cheminée. Puis il se ressaisit et se décida à passer à l’action.

    - Comment puis-je vous aider Père Noël ?

    Il faudrait que tu ailles chercher quelque chose dans mon traîneau qui se trouve juste devant la porte de ta maison. Il s’agit d’une grande boîte ronde et haute de couleur rouge. Rapporte la moi et je t’expliquerai ensuite comment procéder.

    - D’accord, j’y vais de ce pas, répondit gaillardement René.

     

    René abandonna le Père Noël à son triste sort, et se précipita vers la porte d’entrée de la maison. Lorsqu’il l’ouvrit le vent s’engouffra prestement dans l’entrée et René frissonna de la racine des cheveux jusqu’à ses orteils. Après avoir enfilé son manteau et ses bottes, il fit quelques pas devant la maison et repéra tout de suite le traîneau. Au passage, il admira les rennes et leurs multiples grelots, puis chercha du regard le fameux paquet dont le Père Noël lui avait parlé. Le problème c’est qu’il y avait tellement de cadeaux à l’arrière du traîneau que René mit beaucoup de temps à trouver le bon paquet.

    Lorsqu’il rentra enfin à la maison, il était transi de froid et ses dents s’entrechoquaient. Il se dévêtit et apporta le précieux paquet près de la cheminée.

     

    - Père Noël, Père Noël ? Etes-vous toujours là ? Questionna René.

    - Oui mon petit, je t’attendais. As-tu trouvé ce que je t’ai demandé ?

    - Je pense, répondit prudemment René.

    - Alors ouvre la boîte et sort ce qu’elle contient, expliqua le Père Noël.

    (à suivre...)

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  • PERCE-NEIGE

    (Seconde partie)

    Sceptique Luka décida finalement d’accéder à la demande de cet étrange personnage. Après tout il ne risquait pas grand-chose. Au mieux il aurait de la compagnie pendant un moment, au pire il devrait passer la serpillère dans la cuisine quand son nouveau copain aurait fondu.

    - Merci Luka, tu es vraiment gentil. Au fait, je m’appelle Perce-Neige.

    - Très bien Perce-Neige, alors maintenant explique-moi pourquoi tu peux parler, marcher, et avoir froid alors que tu es un bonhomme de neige !

    - C’est grâce au chapeau Luka.

    - Le chapeau ? Mais quel est le rapport avec le chapeau ?

    - Ah… C’est un très vieux chapeau que tu m’as mis sur la tête. Un chapeau magique !

    - N’importe quoi ! Les chapeaux magiques ça n’existe pas, se récria Luka.

    - Alors dans ce cas, comment font les magiciens ? Demanda Perce-Neige.

    - Heu… Et bien… Il y a toujours un truc. Tout le monde sait bien que les magiciens ne peuvent pas mettre une famille de lapins dans leur chapeau, ni des kilomètres de foulards.

    - En es-tu bien certain ? Interrogea Perce-Neige. As-tu déjà fait de la magie ?

    - Pas vraiment, j’ai reçu une boîte de magie à Noël, mais je te garantis que le chapeau qui est dans cette boîte n’a rien de magique.

    - Je te crois bien volontiers Luka, mais nous parlons du chapeau de ton arrière grand-père.

    - C’est vrai que ce chapeau appartenait à arrière grand-papa René… Mais au fait, comment le sais-tu ?

    - C’est justement ce que j’essaie de t’expliquer depuis tout à l’heure ! S’exclama Perce-Neige. Je sais tout de ce chapeau et de son histoire depuis que tu l’as posé sur ma tête.

    Luka était de plus en plus intrigué. Tout d’abord son bonhomme de neige avait l’air bien vivant, mais en plus il semblait en savoir long sur son arrière grand-père. Le petit garçon ne l’avait pas bien connu, mais il se souvenait de lui comme d’un vieil homme espiègle et malicieux. Cependant, personne ne lui avait jamais dit que son aïeul avait été magicien !

    - Très bien, puisque tu sembles tout savoir, je t’écoute ! Déclara Luka.

    - Je vais te raconter les choses comme le chapeau me les a expliquées.

    (à suivre...)

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